Renouveau educatif par la Responsabilisation

Friday, May 23, 2008

L’actualité de CREER début 2008 :
Plus que jamais !
Les rapports des commissions Pochard et Attali

Le lecteur est invité à prêter attention à celles des analyses et recommandations des récents rapports des commissions présidées respectivement par M Marcel Pochard « sur le métier d’enseignant » (« livre vert ») et par M Jacques Attali « pour la libération de la croissance française », qui sont axées sur la recherche d’un authentique renouveau de l’Education nationale par le recours à l’autonomie des établissements scolaires et universitaires et par la prise en considération de la fonction publique enseignante.
Il se trouve que les orientations de ces deux instances, faisant suite aux lettres de mission aux ministres et à la loi du 10 août 2007 « relatives aux libertés et responsabilités des universités », sont non seulement similaires, mais aussi en convergence avec les propositions déjà anciennes du Cercle « Responsabilités éducatives et Renouveau », connues des commissions. Notre cercle, à vrai dire, éprouve de plus en plus de satisfaction à constater qu’à partir d’un état des lieux sans complaisance, ses idées fortes inspirent assez clairement et fondamentalement les décisions ou préconisations des Pouvoirs publics en vue de remédier aux insuffisances relevées : confiance dans les acteurs du terrain une fois remotivés, et notamment confiance dans les établissements publics d’enseignement et les professeurs ; nécessité d’une autonomie plus authentique de ces établissements, universitaires pour commencer, scolaires comme annoncée, notamment pour la constitution de leurs équipes éducatives et scientifiques ; meilleure pertinence et plus grande efficacité des initiatives prises aux niveaux adéquats ; généralisation d’un management par objectifs (et des établissements, et des ressources humaines) ; responsabilisation corrélative ; reconnaissance de la fonction publique enseignante et amélioration de la condition enseignante.
Et comment surtout ne pas se féliciter que semble enclenché le processus vertueux que nous appelions de nos vœux, propre à générer, de proche en proche, à partir de premiers changements essentiels faisant office de coins et de leviers, et de façon irréversible, une nouvelle Education nationale - pleine de promesses car faisant appel au vaste réseau des établissements publics d’enseignement et aux richesses humaines de ceux qui y servent, devenus fiables et crédibles – sans jamais récuser l’Etat, qui retrouve d’ailleurs dans cette nouvelle ligne de conduite initiative et audace. Au total un indispensable travail de fond, de méthode, de pédagogie et de communication publique.
Il n’est sans doute pas inutile de souligner les convergences constatées, nouvelles et audacieuses :

1) Le « Livre vert » remis par M Pochard le 4 février 2008, a révélé des suites à la lettre qui lui avait été adressée par CREER, intéressantes et même globalement favorables (à une nuance près)

Extraits choisis :

Comment stimuler le travail collectif ? À cette fin, quelles responsabilités donner aux établissements et aux écoles, quelles libertés et quel encadrement ?
Comment faire en sorte que tout ce qu’implique le métier d’enseignant au-delà du face à face avec les élèves, en particulier le travail d’équipe et les activités complémentaires, soit mieux explicité et pris en compte ?

L’AUTONOMIE ET LA RESPONSABILITE DES EQUIPES EDUCATIVES, ECOLES OU ETABLISSEMENTS (p. 107)
L’ambiguïté sur ce que recouvre le champ réel de l’autonomie, la place, encore plus limitée que ne le prévoient les textes, que les autorités laissent à cette notion dans leurs relations avec les établissements… conduisent à s’interroger sur les voies en moyens pour faire plus confiance aux établissements et aux écoles, comme communauté éducative. Cette confiance nouvelle, appuyée sur des marges accrues, ne s’adresse pas seulement aux professeurs, mais également aux parents d’élèves, partie prenante à la communauté éducative, et aux chefs d’établissements dont la question se pose du renforcement des responsabilités. La contrepartie serait qu’une évaluation de la performance des établissements se mette en place et qu’elle soit ouverte à tous dans son élaboration et dans ses résultats…
Quelles responsabilités nouvelles donner aux établissements du second degré (p. 121)…
a) Des établissements plus responsables de leur organisation pédagogique (p. 122)…
Comme dans bon nombre des pays mieux classés que la France dans les enquêtes internationales, la commission estime que la France, en donnant plus de liberté de s’organiser à ses établissements, améliorera les résultats de l’Ecole et luttera mieux contre l’échec scolaire. La liberté d’initiative plus grande des enseignants doit s’exercer dans des établissements mieux constitués en communautés d’objectif et de travail. L’Inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche concluait, à la fin de l’année 2005, que « les résultats des élèves sont fortement déterminés par les politiques pédagogiques des établissements…
Les établissements devraient bénéficier de moyens suffisants et globalisés, au-delà de la dotation nécessaire à l’organisation des enseignements déterminés au niveau national. Il faut en quelque sorte que l'autonomie ne soit plus la marge, l'aléa et l'exceptionnel, mais qu'elle fasse partie du fonctionnement normal de l'établissement...
b) Des établissements qui fixeraient l’organisation du travail des enseignants (p. 127)
Le deuxième volet de responsabilités envisageables pour les établissements tient aux conditions de travail des enseignants. Si les établissements ont des responsabilités pédagogiques plus grandes dans leur organisation, ils devraient être amenés à fixer pour partie les conditions de travail des enseignants. Dans un cadre statutaire rénové, ou au terme d’une négociation collective appropriée, les modalités locales du travail des professeurs se décideraient dans l’établissement lui-même. Un document écrit d’une nature contractuelle à préciser, pourrait être établi entre l’enseignant et l’établissement pour concrétiser ces rapports. L’affectation d’un agent dans son emploi pourrait être assortie de l’offre d’un engagement réciproque définissant les droits et les obligations de l’agent dans l’occupation de cet emploi…
c) Des chefs d’établissement confortés dans leur rôle (p. 128)..
Une responsabilité accrue des établissements appelle une nouvelle définition du rôle du chef d’établissement qui en deviendrait le pivot. Ce rôle serait d’autant plus effectif que l’administration centrale se concentrerait sur sa mission d’impulsion, que les rectorats respecteraient pleinement le principe de subsidiarité dans le pilotage du système éducatif au niveau académique, que les corps d’inspection prendraient toute la mesure des nouvelles modalités d’un pilotage pédagogique en établissement. Le chef d’établissement devrait, pour réussir, gagner la confiance de toute l’institution, à tous les niveaux...
La commission s’est rendue à l’évidence : beaucoup de pays, pratiquement tous ceux qui obtiennent de meilleurs résultats dans les évaluations internationales, laissent à leurs établissements scolaires, durant toute la scolarité obligatoire et au-delà, une grande autonomie pédagogique.
Plus immédiatement vérifiable, plus proche de nous : l’enseignement agricole public et l’enseignement privé sous contrat ont l’un et l’autre su élargir intelligemment le champ du possible au niveau local, à la satisfaction avérée des usagers.
La commission suggère de s’engager dans cette direction.

QUELLES CARRIERES PROFESSIONNELLES POUR LES ENSEIGNANTS (p. 193)
La commission a identifié plusieurs leviers pour une revalorisation significative de la condition des enseignants : une amélioration des rémunérations (début de carrière et rémunérations complémentaires), la reconnaissance du mérite, et l’évolution du statut des enseignants….
c) Faire évoluer le statut des enseignants
La commission s’est intéressée à la question de l’utilité d’une évolution statutaire pour permettre une gestion renouvelée des ressources humaines et, en particulier, pour favoriser la mobilité. Les règles et l’organisation statutaire applicables aux fonctionnaires sont en effet régulièrement analysées comme une des sources de rigidité de la gestion de la fonction publique (voir en ce sens le rapport 2003 du Conseil d’Etat « Perspectives pour la fonction publique »).La commission a notamment examiné trois évolutions dont l’hypothèse est régulièrement évoquée :
[I] Une fonction publique enseignante ?1 (p. 203)
[Présentation] L’idée de création d’une quatrième fonction publique, la fonction publique enseignante, à côté de la fonction publique de l’Etat, de la fonction publique hospitalière et de la fonction publique territoriale, ressurgit régulièrement[1]. Si la question a pu se trouver posée, c’est moins, semble-t-il, dans l’idée de sortir les enseignants du statut général de la fonction publique, que de reconnaître leur spécificité au sein de celle-ci. Tel est d’ailleurs le sens de l’organisation de la fonction publique qui a été retenue en 1982, avec un statut général commun à toutes les fonctions publiques et des statuts spécifiques par grandes catégories d’employeurs publics.
Il est exact qu’il y a de réelles différences entre les enseignants et le reste de la fonction publique de l’Etat, que l’on qualifie quelquefois d’« administration administrante » : application plus limitée du principe du pouvoir hiérarchique et, parallèlement, autonomie plus grande dans l’organisation du travail, règles particulières quant à la comptabilisation du temps de travail et quant au régime des congés, régime tout à fait spécifique de contrôle, d’évaluation et de notation… Il faut ajouter à ces données le poids tout particulier du nombre des enseignants au sein de la fonction publique de l’Etat (la moitié de celle-ci) qui entraîne nécessairement, par ce fait même, une certaine façon de regarder les mesures prises à leur égard. Ce poids des enseignants dans la fonction publique de l’Etat entraîne au surplus des conséquences sur l’exercice de la représentativité des agents au sein de la fonction publique de l’Etat et sur le dialogue social dans cette fonction publique.
[Critiques] Faut-il en déduire qu’il y aurait un intérêt à la création d’une fonction publique spécifique aux enseignants ? Ce n’est pas l’avis de la commission.
1° Aucune demande n’a été présentée en ce sens à la commission,
2° Si le sujet a été évoqué lors de la réunion organisée par la commission avec l’ensemble des organisations syndicales pour faire un point d’étape de ses travaux, c’est dans le cadre d’une question révélant bien davantage des réserves à l’égard d’un tel projet qu’un quelconque intérêt.
3° Les enseignants ont toujours été regardés comme partie intégrante de la fonction publique de l’Etat, depuis la création de celle-ci en 1946, et antérieurement à cette date, les enseignants, c’est-à-dire essentiellement les instituteurs, ont été le fer de lance d’une certaine conception de la fonction publique. Une disjonction avec le reste de la fonction publique, fût-elle limitée, pourrait être perçue comme la volonté de mettre les enseignants à part, et non de reconnaître pleinement leurs spécificités.
4° Il faut relever aussi que l’intégration à la fonction publique de l’Etat n’a pas empêché la prise en compte de ces spécificités.
5° Enfin et surtout, la question, aujourd’hui, pour la fonction publique n’est pas de créer un nouveau cloisonnement, toujours plus conséquent qu’on ne l’imagine, mais de faire évoluer l’ensemble de la fonction publique vers plus de souplesse et une meilleure adaptation aux multiples défis qu’elle doit relever… défi de l’efficacité et de la performance, défi de l’adaptation de ses règles de gestion aux exigences de la gestion des ressources humaines et défi de la conciliation du droit de la fonction publique avec d’autres branches du droit, comme le droit budgétaire et le droit de la libre circulation en Europe.

[II] Une filière enseignante ? (p. 204)
Première orientation : faire évoluer la structure d’organisation de la fonction publique d’un système de corps, source de lourdeurs et de corporatisme, à un système de cadres statutaires de fonctions, dans une approche de filière professionnelle, avec, parmi les filières, une filière formation, commune à l’ensemble des administrations gérant des enseignants….
Une telle distinction devrait déboucher sur plus de mobilité et sur une gestion des ressources humaines qui parte des compétences des agents et des besoins du service, et ne se borne pas à des actes administratifs de gestion. La filière enseignante compterait un nombre restreint de cadres statutaires de fonction. Il serait possible de se limiter à deux, pour l’enseignement supérieur et l’enseignement scolaire et correspondant à deux niveaux de compétences. Son affectation dépendrait essentiellement des compétences qu’il détient et il pourrait de ce fait prétendre à toute affectation exigeant ce type de compétences au sein de l’éducation nationale, comme ailleurs…
Si cette solution n’était pas envisagée, la question se poserait d’un regroupement des corps d’enseignants, au moins de l’éducation nationale…

[III] Introduire des éléments d’ordre contractuel ? (p. 205)
La deuxième orientation est de plus grande portée encore. Elle consiste à examiner les possibilités de réintroduire dans le droit de la fonction publique, et bien sûr chez les enseignants, des éléments de négociation contractuelle et de contrat…
La gestion de proximité doit être renforcée (p. 232)
Elle est aujourd’hui le point faible de l'institution, mais peut constituer un élément important de la reconnaissance réclamée par les enseignants. Son amélioration passe par une consolidation des marges de manœuvre de l'établissement, notamment dans de l'organisation des horaires, ainsi que par l'institutionnalisation dans l'emploi du temps des enseignants de moments dédiés au travail collaboratif. Parce que c'est souvent la collaboration de profils différents qui permet à une organisation de mieux déployer les compétences, la possibilité de donner aux chefs d'établissement des facilités pour repérer et constituer eux-mêmes leurs équipes pédagogiques devra être étudiée.

C O N C L U S I O N (p. 237)
Autonomie et responsabilité : dans les écoles et les établissements, la marge d’autonomie des équipes éducatives est réduite, car les normes nationales encadrent, pour chaque élève, tant les horaires par discipline que les pratiques pédagogiques. Sous cette contrainte excessive, les projets d’établissement et d’école ont du mal à prendre corps, et les conseils pédagogiques, quand ils existent vivotent trop souvent. Malgré des réussites isolées très remarquables, l’impact des équipes – « l’effet d’établissement » – est, du coup, en général limité. A ce sujet, la commission propose des moyens d’élargir les marges d’autonomie et de responsabilité : dans l’organisation des enseignements, dans l’organisation de l’activité enseignante, dans les pouvoirs confiés aux équipes de direction des établissements, en liaison avec des conseils pédagogiques dynamisés et dans le cadre de projets d’établissements et d’écoles renforcés et partagés. La commission souligne qu’il ne s’agit pas de donner carte blanche aux écoles, aux établissements ni aux agents. Elle insiste pour qu’un renforcement de l’évaluation accompagne tout renforcement de l’autonomie.
La commission est consciente que toutes les voies qu’elle inventorie demandent à la fois une large mise à plat de la plupart des pratiques, règles et même conceptions qui ont façonné au fil des temps le régime applicable aux enseignants, et qu’elles constituent une réponse globale sur laquelle il est loin d’y avoir accord unanime. Cette réponse globale, encore une fois, lui paraît cependant absolument indispensable.

Observations de CREER : L’ensemble des développements ci-dessus est conforme à ses réflexions et propositions. Toutefois, l’analyse par la commission de celles de ces propositions relatives à la Fonction publique enseignante (p. 203 de son rapport) appelle quelques observations, tant sur leur présentation que sur leurs critiques :
a) Notre proposition relative à la «Fonction publique enseignante » est très exactement (citation) de la faire « prendre en considération - soit en la créant sous la forme d’un titre V, nouveau, du Statut général des fonctionnaires [la « 4e Fonction publique »], soit au moins en l’identifiant, en la reconnaissant et en la traitant spécifiquement au sein de la Fonction publique de l’Etat » - deux sous - options donc. Cette prise en considération est très heureusement accomplie par la commission, et cette présentation parmi les options sérieuses est en soi un succès - car une première : jusqu’à présent en effet, par prudence et, disons-le, pusillanimité, l’idée originale avait été occultée, plus qu’ignorée.
En revanche, s’agissant de la sous - option première qu’est la création d’une « 4e Fonction publique », il est étrange que dans son analyse des intérêts que celle-ci peut avoir, autrement dit de ses objectifs, la commission ignore le principal, qui est de permettre aux établissements, pour le plein exercice de leur autonomie, de maîtriser leurs ressources humaines en ayant la possibilité de mieux constituer leurs équipes pédagogiques, l’offre du professeur étant appelée, et possible seulement dans une autre Fonction publique que celle de l’Etat, à rencontrer directement la demande de l’établissement d’enseignement pour un choix réciproque contractualisé, remplaçant la désignation aveugle par l’ordinateur (alias le ministre) en application du barème. C’est pourquoi, si les autres sous - options examinées, tout aussi dignes d’intérêts aux yeux de notre cercle, on l’a vu, ne garantissent finalement pas le résultat recherché, on sera ramené à envisager l’option « 4e Fonction publique », par défaut.
b) Ensuite, cinq types de critiques sont faites à la proposition de « 4e Fonction publique ?
1° « Aucune demande » : c’est ignorer sa logique, qui vaut bien une « demande » au regard de son principal objectif, à savoir le moyen de constituer judicieusement les équipes pédagogiques de l’établissement, condition « sine qua non » de son autonomie véritable et de sa responsabilité ;
2° Les « réserves syndicales » que susciterait un tel projet se retrouvent aussi a priori, sans surprise, à l’encontre de tous autres, aux dires même de la commission ;
3° A l’hypothèse qu’« une disjonction des enseignants avec le reste de la fonction publique pourrait être perçue comme la volonté de mettre les enseignants à part, et non de reconnaître pleinement leurs spécificités », il est à répondre que tout est affaire de communication de qualité - et d’ailleurs le plus important pour les enseignants est d’évidence la réaffirmation de leur statut de fonctionnaires ;
4° L’argument selon lequel « l’intégration à la Fonction publique de l’Etat n’aurait pas empêché la prise en compte de ces spécificités » est en contradiction avec le rapport, qui dénonce lui-même le fait que l’enseignant ne soit pas suffisamment impliqué dans l’établissement, ses équipes éducatives, son projet collectif, parce qu’il n’y est pas par choix réciproques, mais nommé par le ministre ou en son nom – comme tout fonctionnaire de l’Etat ;
5° « Enfin et surtout », énonce le rapport, « la question n’est pas de créer un nouveau cloisonnement mais de faire évoluer l’ensemble de la fonction publique vers plus de souplesse et une meilleure adaptation aux multiples défis qu’elle doit relever » : s’écartant ainsi de l’objet précis de la commission, le rapport renvoie à des suggestions plus générales du Conseil d’Etat dans une démarche qu’il a initiée, très vaste, très ambitieuse - mais qui, pour ces raisons mêmes, ne semble pas prête d’être mise en œuvre, et spécialement en commençant par les enseignants ! Ce qui rend la suggestion quelque peu dilatoire.
c) Il en est de même d’ailleurs, des deux autres idées avancées, demeurant dans le cadre de la Fonction publique de l’Etat (2de option de CREER) : l’une, créer une filière enseignante ; l’autre, introduire des éléments d’ordre contractuel (cette dernière bien timide, car plusieurs pays européens ont choisi un régime contractuel) En effet, elles s’ouvrent manifestement sur des perspectives conflictuelles.
Mais surtout ni l’une ni l’autre, selon les démonstrations mêmes du rapport, ne peuvent apporter la garantie de permettre à tous les établissements, pour le plein exercice de leur autonomie, de maîtriser leurs ressources humaines en ayant la possibilité de mieux constituer leurs équipes pédagogiques, bref de l’adéquation des enseignants aux desiderata de tel ou tel établissement et réciproquement.
Ce qui ramène à l’hypothèse plus satisfaisante de ce point de vue, de la création de la Fonction publique enseignante…


2) Le rapport de la Commission pour la libération de la croissance française, sous la présidence de M Jacques Attali, remis le 4 février 2008, s’est révélé inespéré pour CREER, qui, pourtant, ne s’était pas manifesté auprès de la commission en raison de son objet très large.

Extraits choisis :


Première partie - Participer pleinement à la croissance mondiale
Chapitre 1er – Au commencement, le savoir (p. 23)

Les clés du changement… (p24)
[2e] OBJECTIF : engager les établissements primaires et secondaires sur la réussite de tous les élèves

DÉCISION 4 (p. 27)
· Accorder plus d’autonomie aux établissements primaires et secondaires.
Une autonomie de gestion accrue des établissements scolaires, depuis l’école primaire, permettrait de mieux adapter l’enseignement aux besoins. Une liste de recrutement national constituant un « vivier » doit être établie, dans laquelle les établissements puiseront pour embaucher leurs professeurs. Cette autonomie permettrait aussi, en motivant les enseignants, d’encourager la nouveauté en.matière de réussite scolaire, alors que le pilotage actuel des enseignements, trop centralisé et tatillon, leur ôte beaucoup de possibilités de s’approprier leurs cours et d’adapter la pédagogie aux besoins spécifiques des élèves. Participer pleinement à la croissance mondiale. Au commencement, le savoir Cette autonomie sera complétée par des moyens adaptés accordés aux écoles des quartiers et des banlieues défavorisées, dont il sera question plus loin.
DÉCISION 5 (p. 28)
· Évaluer les professeurs sur leur capacité à faire progresser tous les élèves.
Chaque école devra faire l’objet d’une évaluation par une autorité administrative spécialisée et indépendante du ministère, tenant compte de l’avis des usagers, de leurs résultats, de leurs évolutions à moyen terme. Ces évaluations devront être rendues publiques. L’évaluation des professeurs ne peut pas reposer uniquement sur les notes qu’obtiennent leurs meilleurs élèves ni sur l’examen d’inspecteurs. Elle doit aussi reposer sur une évaluation de leur pédagogie par leurs élèves, sur leur capacité à faire progresser chacun et sur la prise en compte des résultats scolaires ultérieurs.
DÉCISION 6 (p. 29)
· Permettre aux parents de choisir librement le lieu de scolarisation de leurs enfants.
La carte scolaire, qui oblige les enfants à s’inscrire dans l’école de leur quartier, sépare les élèves des quartiers difficiles de ceux des centres-villes. Elle est contournée par ceux qui ont les moyens de bénéficier de passe-droits ou de financer des études dans un établissement privé. Il faut donc permettre, dans un premier temps, un libre choix total de l’établissement par les parents et les élèves, qui pourront tenir compte de l’évaluation publique des établissements. En cas de demande excédentaire pour un établissement, des priorités transparentes, géographiques et sociales, seront établies.
Des « droits à l’école » seront attribués à chaque enfant et utilisables dans toutes les écoles : ce dispositif permettra d’établir une véritable liberté de choix, pour que chacun puisse bénéficier dans son voisinage d’écoles publiques et privées conventionnées. En pratique, l’État affectera aux parents une somme d’argent par élève. Chaque parent pourra l’utiliser dans un établissement public ou privé de son choix. Le conventionnement des écoles privées devra être très strict sur la nature des enseignements et le respect des valeurs de la République. Les parents pourront ainsi bénéficier d’une totale liberté de choix de l’établissement et profiteront de ce financement quel que soit leur choix. La Suède utilise déjà ce système efficacement.
Par ailleurs, un développement du tutorat et de l’« apprentissage en ligne » doit aider les 300 000 élèves qui sortent du CM2 sans maîtriser les fondamentaux à rattraper leur retard. L’« apprentissage en ligne », qui permet de développer une véritable interactivité, évite en outre un séjour tardif à l’école, parfois vécu comme une humiliation.


Un ensemble université / recherche à l’égal des meilleurs mondiaux (p. 31)
[3e] OBJECTIF : Investir davantage dans l’enseignement supérieur
L’enseignement supérieur constitue le seul domaine où une part significativement plus élevée du budget de l’État doit être dégagée, afin de créer les conditions de la croissance future.


DÉCISION 19 (p. 34)
· Renforcer l’autonomie des universités.
Malgré la réforme de l’été 2007, les universités ne sont pas encore assez autonomes ni capables de prendre les décisions les plus stratégiques pour leur avenir. Il faut aller plus loin dans la réduction du nombre de membres des conseils et organiser une plus grande autonomie dans les modes de gestion financière, de recrutement des professeurs et des rémunérations. Il faut soumettre les présidents d’université (eux-mêmes élus par des conseils indépendants) au contrôle de comités académiques ainsi qu’à l’évaluation des performances universitaires. En particulier, trois critères doivent être pris en compte au moment de l’évaluation de l’université et de la fixation de sa dotation par l’État : le succès des étudiants, l’ouverture du processus de recrutement des maîtres de conférences et les critères de promotion au grade de professeur.
DÉCISION 20 (p. 35)
· Renforcer l’évaluation de la performance de chaque établissement d’enseignement supérieur.
Comme pour toute structure n’étant pas soumise aux contraintes de la concurrence, les institutions d’enseignement supérieur doivent être évaluées par une instance d’audit spécialisée, mesurant et rendant publiques la participation effective, la réussite aux examens, l’employabilité des étudiants et la recherche académique.
L’Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (AERES) créée dans ce but doit être renforcée en conséquence. En sus des obligations d’ores et déjà prévues par la loi du 10 août 2007 (réussite aux diplômes, poursuite d’étude, insertion professionnelle des étudiants, nombre et qualité des stages), l’Agence devra veiller à informer les étudiants des taux de succès sur 3 ans dans la formation qu’ils choisissent, mesurer le bon emploi des ressources allouées à la suite du précédent exercice d’évaluation et faire participer les étudiants à l’évaluation de leurs enseignants. Ces audits seront rendus publics annuellement à travers un classement général simple et clair organisé par un domaine d’enseignement. L’activité d’agences concurrentes d’évaluation devra aussi être encouragée.


Voici donc révélé un sens, clair, pour une réforme déterminante de l’Education nationale – parvenir à impliquer établissements et enseignants dans une nouvelle dynamique, leur faire s’approprier leurs responsabilités éducatives directes – sans doute la clé sans laquelle le reste, tout ce qui est tenté et mérite d’être tenté par ailleurs, ne sera pas atteint et restera donc purement circonstanciel, superficiel, finalement vain : livré à la sagacité des élus nationaux…


CERCLE «RESPONSABILITES EDUCATIVES ET RENOUVEAU » – CRÉER
1, av. Gambetta 94160 Saint-Mandé 01 48 08 05 63 Courriel : cercle.creer@noos.fr










[1] A notre connaissance, cette proposition n’est « portée » que par le Cercle CREER, depuis1992 et avec constance, comme le moyen le plus efficace de parvenir à l’adéquation fructueuse des besoins des établissements publics d’enseignants et des enseignants.

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